
Entretien avec Andry Ramaroson, Directeur général de l’Energie et des Hydrocarbures, un secteur dont dépend tous les secteurs clés en vue de l’émergence économique.
L’énergie pour tous constitue un des socles du plan Emergence. Quels sont les avancements ?
Le Velirano n°2 de Son Excellence Monsieur Andry Nirina Rajoelina, Président de la République de Madagascar est de doubler notre capacité de production. De manière technique, ceci se décline en deux interprétations différentes mais qui restent complémentaires. En effet, si l’on était approximativement à 400 MW de centrales opérationnelles, en 2018, on devrait être à 800 MW en 2023. Ici, l’on parle de la puissance installée opérationnelle. Dans cette même vision, si l’on était approximativement à 1500 GWh d’énergie consommée par an, l’on devrait être à 3000 GWh en 2023.
Pour y arriver, il y a cinq actions à faire simultanément à savoir : l’hybridation de toutes les centrales thermiques ; l’installation de centrales solaires sur les réseaux régionaux ; l’installation de centrales solaires de taille sur les réseaux interconnectés ; le mini-hydro dans les régions ; l’hydroélectrique structurant dans les réseaux interconnectés.
De manière générale, nous avons deux acteurs majeurs dans ce secteur : la Jirama qui est une société d’Etat et qui est en charge des villes urbaines et suburbaines, ensuite l’ADER ou l’Agence de l’Electrification Rurale. Comme son nom l’indique, ce n’est pas une société, c’est une agence dont le rôle est de promouvoir l’électrification dans les milieux ruraux.
Quels avancements concrets ?
Nous allons répondre cette question sur deux sujets différents, la Jirama et l’ADER.
A fin 2018, la Jirama avait plusieurs soucis importants à régler : le délestage, dettes, vétusté de toutes les infrastructures, surtout au niveau des réseaux de distribution. A l’heure où l’on parle, nous avons réduit de 85% le problème de délestage. C’est du concret. A fin 2020, nous sommes passés de 1870 milliards d’ariary de dette à 903 milliards. Et ce, grâce aux renégociations des gros contrats thermiques que nous jugions presque léonin.
Depuis 2020, la Jirama a mis entre 100 et 200 millions d’ariary par semaine pour régler le problème technique des réseaux de distribution.
Pour ce qui est de palpable ou visuel, l’hybridation des grosses centrales thermiques de toutes les provinces ont eu lieu. En effet, à Toamasina où le besoin est de 20 MW, 2 MW solaire sont déjà opérationnelles. Le reste verra le jour cette année même. A Toliary 10 MW sont déjà opérationnelles et ceci couvre totalement le besoin local, du moins pour les trois à cinq ans à venir. A Mahajanga 1,2 MW vient d’être inauguré sur un total de 12 MW qui seront opérationnelles cette année même. A Antsiranana, la centrale solaire est en cours de construction.
Il faut noter que l’hybridation augmente la puissance installée et non l’énergie fournie. Toutefois, elle contribue largement à l’amélioration de la santé financière de la Jirama. Ainsi, plusieurs sites de moyenne taille sont également en cours à savoir : Morondava, Antalaha, Sambava, Andapa, Vohémar, Ambositra, Belo Tsiribihina, Mahabo, Betioky sud, Bezaha, Manja, Ihosy, Sakaraha, Ranohira, Maintirano, Brickaville, Bealanana, Miandrivazo, Bekily, Ankazobe, Ampanihy, Manja, Antsirabe nord, Mitsinjo, Morafenobe, Soalala, Antsalova, Ambatondrazaka, Andilamena, Amparafaravola, Anosibe an’Ala, Tanambe, Ambovombe, Ankazoabo, Nosy Be, Ste Marie, Mananara Nord, Foulpointe, Vatomandry, Soanierana Ivongo, Fianarantsoa, Ambilobe, Manakara, Fénérive Est, Farafangana, Tsiroanomandidy, Marovoay, Mahanoro, Vatomandry, Vangaindrano, Vavatenina, Vohipeno, Antanambao Manampotsy, Besalampy, Nosy Varika, Marolambo, Antsalova, Antsohihy, Mampikony, Port Bergé, Maevatanana, Ambanja, Anivorano nord, Anahidrano, Befandriana nord, Ankadinondry Sakay, Amboasary sud, Ambato Boeny, Analalava, Tsaratanàna, Mandritsara, Mananjary.
Il faut noter que 75% de ces sites à hybridation rentrent dans le cadre du PPP, autrement dit IPP, c’est un Opérateur Privé qui a le contrat de fourniture d’énergie et la Jirama reste l’acheteur et Distributeur.
Maintenant, le reste est à créditer sous le compte de l’ADER. Il s’agit des mini-hydro comme le cas d’Androkabe 1.2 MW, région Alaotra Mangoro, qui est déjà opérationnel, le Projet MADO de même taille sur les Réseaux Interconnectés d’Antananarivo, le Projet PHEDER sur Amoron’i Mania, toujours dans la même puissance. La liste est longue pour des petites puissances entre 10 et 100 kW, en hybride thermique solaire ou solaire fort comme le cas de Sarobaratra ou encore en mini-hydro.
Le Ministère quant à lui a doté plusieurs villes de 4700 Eclairage Publics solaires. Ceci va mieux éclairer ces villes mais aussi réduire les consommations d’énergie. Pareillement, plus de 5000 kit solaire type SHS (Solar Home System) ont été offerts aux ménages vulnérables dans les campagnes. Et 29 Hôpitaux ont bénéficié d’une petite centrale solaire triphasée de 10 kW.
Quelle place vont occuper les énergies renouvelables ?
Toujours dans le cadre du Velirano n°2, le PRM insiste sur le développement des énergies à sources renouvelables et sur les tarifs à appliquer qui doivent correspondre au pouvoir d’achat de la population.
Il est à rappeler que plus de 70% de la production électrique de Madagascar, en 2018, étaient d’origines fossiles. Non seulement, c’est cher mais ceci pollue également l’environnement. Cette situation pénalise très fortement la Jirama mais aussi l’Etat, la population et le secteur professionnel, plus particulièrement l’industrie.
L’objectif est donc de renverser le cas, à fin 2023 plus de 50% de nos parcs de production devront être de sources renouvelables. D’ailleurs le Codelec en vigueur actuellement priorise l’utilisation de l’énergie verte au détriment des autres sources surtout celles à fuel.
Quelles sont les opportunités offertes aux investisseurs dans les secteurs de l’énergie ?
Ces projets ne sont pas tous financés ou déployés par l’Etat. La plupart rentrent même dans le cadre du PPP. Des pas ont été faits, mais beaucoup restent encore à finir et à faire. Le Codelec en vigueur actuellement clarifie plusieurs zones d’ombre quant à la notion d’énergie renouvelable et il pousse le PPP à aller de l’avant.
Le Ministère reste très ouvert à tout opérateur intéressé à investir à Madagascar. Il jouera bien son rôle en tant que Ministère, mais il accompagnera aussi chaque Opérateur pour mieux gérer les problèmes ou incompréhensions auxquels ils seront confrontés. Le Ministère est moteur.